dimanche 16 décembre 2007
dimanche 19 août 2007
Secousse mondiale sur les marchés : Ketu en cause ?
L'astrologie et la Bourse
Volguine a fort bien signalé que "les indications astrologiques sont d'autant plus complètes et précises que les choses pour lesquelles on dresse l'horoscope sont simples et ne possèdent pour ainsi dire qu'une ligne d'activité, qu'une dimension. Ces horoscopes faciles où l'influence astrale se manifeste dans toute sa plénitude comprennent également les cartes collectives dans lesquelles la volonté de l'esprit humain est très limitée par des contingences."
Un thème de première cotation en Bourse est en quelque sorte un thème d'élection qui a pour but d'apporter à celui qui en est l'initiateur non seulement la chose désirée (l'augmentation du capital) mais aussi la satisfaction. Tout ce qui concerne la satisfaction étant relié à la Lune qui régit les émotions, l'équilibre de l'esprit, les inhibitions et autres ressorts psychologiques, on comprend que la science des élections en Inde (Muhurta) fasse un usage intensif de critères lunaires, en même temps qu'elle étudie la maison I. Mais ce qui intéresse le spéculateur n'est pas tant cette satisfaction (qui concerne le conseil d'administration, le PDG ou autre décideur de la société qui est à l'origine de l'introduction), mais bien les fluctuations de la valeur cotée. Dans cette optique, un thème de première cotation n'a qu'une seule ligne d'activité, qu'un seul but: le profit, qui se juge de la maison II ou de la carte Hora.
Contrairement à ce que dit Volguine, bien que ce type d'horoscopes n'ait qu'une seule dimension (hausse ou baisse du cours), ils n'ont rien de faciles, surtout en raison d'influences globales qui peuvent en modifier les tendances déduites des configurations natales. On retrouve là un principe très ancien d'astrologie mondiale: c'est toujours la condition générale qui l'emporte sur le destin individuel. "Certains évènements surviennent aux hommes en vertu de conjonctures très générales, et non comme l'effet des qualités naturelles et particulières de chaque individu ... La cause la plus faible demeure toujours soumise à la loi de la cause la plus grande et la plus puissante." (Ptolémée)
Ainsi en cas d'influences célestes générales et suffisamment puissantes, peu importe la date de première cotation d'une société, elle sera emportée dans une tendance haussière ou baissière en même temps que les autres. C'est exactement ce qui se produit à l'heure actuelle sur les marchés à travers le monde. On se souvient aussi que l'explosion de la bulle spéculative des nouvelles technologies en 2001 a façonné à l'identique les graphes des cours de dizaines de titres, qui ont semblé dès lors peu sensibles aux influences planétaires en vigueur au moment de leur première cotation.
Pour Ptolémée, ce type d'influences globales est signé par les éclipses ou par les stations de Jupiter, Saturne ou Mars. Des facteurs essentiellement soli-lunaires si l'on considère la nature solaire des transits de Jupiter, celle lunaire des transits de Saturne, et la nature soli-lunaire évidente des éclipses manifestée par l'axe des noeuds. Pour étudier une influence générale, mondiale, nous n'avons pas de quoi nous appuyer sur des facteurs terrestres comme l'axe AS-DS. C'est pourquoi l'axe soli-lunaire formé par les noeuds est certainement très important. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut s'en servir dans un contexte économique mondial, mais je remarque qu'il y a en ce moment dans le ciel deux configurations très particulières qui sont a première vue de mauvais augure pour toute expansion matérielle.
Jupiter stationnaire et Jyeshta (Antarès)
Peut-être avez-vous observé ces soirs derniers le spectacle fascinant de Jupiter reprenant son mouvement direct dans la constellation du Scorpion ? il est juste à l'aplomb d'Antarès, la rouge, semblable à Mars.
Les Hindous ont baptisé Antarès et quelques étoiles voisines du nom de Jyeshta, "l'Aînée", car elle est la soeur aînée de Lakshmi, déesse de la beauté, de la fortune et de la prospérité. Lakshmi, épouse dévouée de Vishnou qui s'incarne à sa suite sous les traits de Sitâ dans l'épopée du Ramayana, est la déité que l'on associe à la maison II ou au D2. Il suffit de voir une représentation de Lakshmi la souriante pour comprendre qu'elle rayonne du bonheur de donner. De ses 4 mains qui représentent les 4 buts de la vie humaine (la vertu, le désir, l'ambition et la libération) s'écoulent toutes sortes de richesses. Elle a Jyeshta pour soeur aînée, mais Jyeshta est aussi et surtout sa rivale, et son exact contraire. Jyeshta parfois nommée Alakshmi (on retrouve ici le "a" privatif) est la déesse de l'infortune, de la malchance et de la pauvreté.
La demeure lunaire qui porte son nom est donc contraire à toute richesse, et ce n'est certainement pas pour rien que Ketu, qui porte les biens de ce monde en horreur, est exalté dans cette partie du ciel (le Scorpion). La station de Jupiter (qui signifie les finances, et en astrologie mondiale les milieux financiers, banques, etc.) si proche d'Antarès-Jyeshta est peut-être la manifestation de cette influence générale qui secoue tous les marchés financiers.
Mais ce n'est pas la seule, car dans le même temps, Saturne - qui est la petite aiguille de la montre du ciel si Jupiter est la grande - s'approche de Ketu dans la constellation du Lion. Si Jupiter régit les milieux financiers, Saturne régit quant à lui les épargnants et les transactions immobilières. Tous deux sont connectés à Ketu ces jours-ci, et ce n'est pas bon signe...
Ketu et les biens matériels
A chacun sa compréhension de la signification des planètes (qu'on peut beaucoup améliorer par certaines techniques) mais il me semble qu'une bonne définition de Ketu, la queue du serpent qui faillit empoisonner le monde, c'est celle du génie qui veille sur les marginaux, les laissés pour compte, les illuminés et tous ceux qui ont abandonné les biens de ce monde pour trouver (parfois) la voie de l'éveil. On dit Ketu maléfique, mais il n'est maléfique que pour nous les dormeurs qui vivons dans ce monde d'illusions et d'apparences, nous qui croyons à notre rêve car nous ignorons que nous dormons. Les sages, ceux qui se réveillent et comprennent que l'ignorance était la raison de leur illusion, vénèrent Ketu. Si vous lisez la vie de François d'Assise, vous comprendrez ce qu'est Ketu.
Les Hindous disent que même le Soleil et la Lune ont peur de Ketu, car il pourrait les avaler s'ils venaient à s'approcher trop près, même les rois, les reines et tous les puissants de ce monde doivent le craindre, car il emporte tout ce qui est de ce monde avec lui. Votre travail, vos économies, votre maison, votre voiture, rien de tout cela n'est important pour lui, pas même la vie qui est éphémère. Il est l'exact contraire de Rahu qui n'accorde d'importance qu'à tout ce qui est matériel.
Rahu et Ketu absorbent toute planète qui s'approche de trop près soit dans la spirale de la possession (Rahu veut posséder toujours plus et encore plus, il a une soif intarissable des biens de ce monde) soit dans le gouffre de la perte matérielle (Ketu se détache de tout jusqu'à se retrouver nu comme un ver). Leur action est semblable à celle d'un trou noir, et on peut légitimement douter de la théorie selon laquelle les noeuds envoient des aspects. "un trou noir est un objet massif dont le champ gravitationnel est si intense qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. De tels objets n’émettent donc pas de lumière et sont alors noirs."
Si vous souhaitez vous livrer à la spéculation boursière, un conseil : mieux vaut miser sur Rahu que sur Ketu ...
Pour finir, on remarque comme bien souvent qu'il suffit de parcourir les articles de presse ou d'entendre les gens parler autour de soi pour retrouver dans les mots employés toute la symbolique des configurations célestes. Par exemple dans The independent on retrouve la symbolique de l'infection et du poison propre à Ketu (et au Scorpion).: "Un désordre financier qui pourrait infecter le monde : (...) ce qui n'est à l'heure actuelle qu'un problème localisé sur les marchés financiers pourrait se répandre comme une contagion infectieuse dans le reste du milieu des affaires."
vendredi 17 août 2007
Ashtakavarga et transits
De nombreuses finesses de KAS m’ont certainement échappé puisque je suis sorti déçu de son apprentissage, mais je pense malgré tout que certaines observations pourront être utiles à celles ou ceux qui ont prévu de s’y attaquer.
Mise au point sur l'ashtakavarga (Krushna et autres)
Tout d’abord l’ashtakavarga fait partie intégrante des règles « classiques » de l’astrologie de l’Inde. Il apparaît dans tous les canons (Parasara, Mihira, etc). C’est une partie de la science astrologique et elle ne peut pas fonctionner indépendamment des autres parties. L’astrologie repose sur le principe que tout, absolument tout, est solidaire dans l’univers, et que, puisque tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, en connaissant les étoiles on connaît l’homme. L’étudiant en astrologie doit donc aborder ces différentes techniques en gardant à l’esprit qu’elles font partie d’un grand Tout, ne pas les étudier comme des techniques séparées, mais plutôt résoudre une à une les contradictions qu’elles semblent opposer l’une à l’autre.
« Lorsqu'une planète est en exaltation, en domicile, en mulatrikona, elle donnera toujours de mauvais résultats pour la maison qu'elle aspecte. C'est une règle générale. Des résultats plus précis peuvent être établis en fonction des points AV qu'elle possède. Les planètes en chute, en signe ennemi donnent de bons résultats pour les maisons qu'elles aspectent. C'est encore une règle générale. Des résultats plus précis peuvent être obtenus à partir des points AV qu'elles ont dans le lieu qu'elles occupent. (...) Si l'on compare les effets de deux planètes ayant moins de 4 points et le même nombre de points dans le lieu qu'elles occupent, alors l'aspect de celle qui est en chute sera meilleur que l'aspect de celle qui est en exaltation. Cela n'est pas indiqué par les points mais dans son jugement, il faut en tenir compte. »Cette précision semble être passée inaperçue : les points AV ne sont qu'un outil parmi d'autres pour juger de la puissance d'une planète par rapport à une maison. Elle fait écho à ce qu'on trouve généralement dans les chapitres sur l'ashtakvarga des classiques.
« Les planètes qui transitent des signes avec beaucoup de points donneront de bons résultats (...) Les résultats bénéfiques seront prédominants lorsque ces signes contiennent les lieux d'exaltation, domicile, amis de la planète et les résultats maléfiques seront ordinaires. » (Saravali, 53)
Inversément, certains aphorismes on ne peut plus classiques, et bien souvent parachutés sans de plus amples explications, semblent directement issus de l’ashtakavarga. Je pense notamment aux maisons upachayas, et à certaines propriétés des maisons XI et XII, affirmations que je vais détailler même si cela nous éloigne du sujet.
Origine des maisons upachayas
L’ashtakavarga tire probablement son origine des correspondances numériques établies entre les planètes et les phonèmes du sanskrit, suivant une théorie qui n’est pas sans rappeler les doctrines de Pythagore pour qui le nombre est l’essence des choses et rend compte sous forme intelligible de l’harmonie de l’univers, de la « musique des sphères ». La parole divine s’entend comme une musique. Lorsqu’elle est harmonieuse, qu’il y a consonance (c’est-à-dire unité du son), alors elle est signe de joie. Lorsqu’il y a dissonance (c’est-à-dire division du son) alors elle signifie la souffrance. Dans le système ashtakavarga qui est une représentation astrologique de cette réalité, la consonance se manifeste par un point, la dissonance par zéro.
Allons plus loin. En Occident, on considère que l’âme est l’oreille qui entend cette musique, et le christianisme nous montre qu’il existe un lien si étroit entre l’âme et Marie qu’on ne saurait parler de l’une sans évoquer l’autre. La Vierge, réceptacle de toutes les beautés d’En Haut comme la Lune est le réceptacle de la lumière du Soleil, entend la voix de Dieu par l’intermédiaire de l’archange Gabriel, auquel la tradition associe la Lune. Ainsi pour l’astrologue, la Lune (principe réceptif par excellence) est l’oreille qui entend cette musique divine.
Ces correspondances symboliques signifient qu’il faut prêter une attention toute particulière à la répartition des points AV depuis la Lune, qui se font comme suit :
Soleil : 3 6 10 11
Lune : 1 3 6 7 10 11
Mars : 3 6 11
Mercure : 2 4 6 8 10 11
Jupiter : 2 5 7 9 11
Vénus : 1 2 3 4 5 7 8 11 12
Saturne : 3 6 11
Si à cela on rajoute que Rahu et Ketu contribuent pour un point AV aux maisons 3 6 et 11 depuis la Lune (d’après le Prasna Marga), on constate que les maisons les plus fournies en points sont les maisons dites upachayas III, VI, X et XI, en tête desquelles on trouve les maisons XI et III (qui sont notées E et D dans le système de Krushna et sont davantage susceptibles de donner l’événement). Les maléfiques contribuent particulièrement à ce classement des maisons, et on ne sera pas surpris de savoir que les classiques affirment que les maléfiques se comportent bien en maison upachaya (à ceci près que parmi les maléfiques seul le Soleil contribue à la maison X, et que donc par exemple Saturne ne se comporte pas bien en X bien qu’elle soit upachaya, ce qui explique un autre aphorisme « classique »).
Autre constatation, dans la liste ci-dessus, la XI depuis la Lune remporte 7 points loin devant toutes les autres maisons, et la XII se retrouve avec seulement 1 point, derrière toutes les autres. On retrouverait le même résultat en distribuant tous les points depuis Lagna : la XI a le plus de points, la XII a le moins de points. Or pour les astrologues indiens, la maison XI représente « tout ce qu’on reçoit (ou qu’on gagne) », et la XII « tout ce qu’on donne (ou qu’on perd) ». Coïncidence ? pas si sûr.
Ces quelques remarques contribueront je l’espère à montrer que le pire moyen d’aborder l’ashtakavarga c’est de remplir un fichier excel sans chercher plus loin le sens de ce que l’on fait. Car ce faisant, on croit pratiquer une astrologie « scientifique » comme le dit lui-même Krushna sur sa liste, en oubliant le principe fondamental selon lequel l’astrologie est un procédé oraculaire. Ce problème n’est d’ailleurs pas propre à KAS, il va de pair avec tout système numérologique, car « l’aspect négatif d’une telle approche de l’existence c’est qu’elle tend à substituer des pratiques et des concepts quantitatifs à des valeurs qualitatives. Elle a aussi tendance à mettre en exergue l’importance de la matière et des corps matériels, parce que ceux-ci se prêtent aisément à la mesure et à l’analyse quantitative, ce qui n’est pas le cas des réalités psychiques ou spirituelles. » (D.Rudhyar)
En tous cas, comme la notion même de maisons upachayas semble directement liée à l’ashtakavarga pour les raisons données ci-dessus, on comprend que le KAS repose sur cette théorie et fasse la part belle aux transits solaires (le Soleil donne ses points aux maisons 3-6-10-11 depuis la Lune). Cependant, à la pratique, l’interprétation des transits avec KAS n’est pas satisfaisante. Peut-être parce que la théorie d’un ascendant naturel (autre pilier du KAS) ne s’accommode pas bien du zodiaque sidéral (du moins à 12 signes) et qu’on peut soupçonner dans ce cas précis un emprunt au tropique ?
Les transits des planètes lentes
Pour ma part, de manière simple, j’ai tendance à ne plus regarder que les transits des planètes lentes Saturne et Jupiter, en jetant un œil sur les positions radicales qu’elles traversent. D’une part parce que le cycle de révolution de Jupiter qui dure 12 ans est tellement important qu’il est la base de l’astrologie chinoise des 12 signes annuels, et que le 12 indique la symbolique solaire de ses transits. Ensuite parce que la période de révolution de Saturne est de 28 ans en moyenne, ce qui l’apparente de fait à une symbolique lunaire.
Cet aspect bipolaire des transits de Saturne et Jupiter se retrouve dans le fait que les conjonctions entre ces deux planètes sont séparées de 19 ans, 19 étant un chiffre naturellement associé aux cycles soli-lunaires :
- le cycle métonique de 19 ans pour qu’une nouvelle lune se produise exactement au même endroit
- la révolution des nœuds prend 19 ans. Selon la tradition occidentale, le nœud Nord est semblable à Jupiter et le nœud Sud à Saturne.
jeudi 9 août 2007
L'importance de la tradition orale en astrologie
SOCRATE
Sais-tu, à propos de discours, quelle est la manière de faire ou de parler qui te rendra à Dieu le plus agréable possible ?
PHÈDRE
Pas du tout. Et toi ?
SOCRATE
Je puis te rapporter une tradition des anciens, car les anciens savaient la vérité. Si nous pouvions la trouver par nous-mêmes, nous inquiéterions-nous des opinions des hommes ?
PHÈDRE
Quelle plaisante question ! Mais dis-moi ce que tu prétends avoir entendu raconter.
SOCRATE
J'ai donc ouï dire qu'il existait près de Naucratis, en Égypte, un des antiques dieux de ce pays, et qu'à ce dieu les Égyptiens consacrèrent l'oiseau qu'ils appelaient ibis. Ce dieu se nommait Toth. C'est lui qui le premier inventa la science des nombres, le calcul, la géométrie, l'astronomie, le trictrac, les dés, et enfin l'écriture. Le roi Thamous régnait alors sur toute la contrée ; il habitait la grande ville de la Haute-Égypte que les Grecs appellent Thèbes l'égyptienne, comme ils nomment Ammon le dieu-roi Thamous. Toth vint donc trouver ce roi pour lui montrer les arts qu'il avait inventés, et il lui dit qu'il fallait les répandre parmi les Égyptiens. Le roi lui demanda de quelle utilité serait chacun des arts. Le dieu le renseigna ; et, selon qu'il les jugeait être un bien ou un mal, le roi approuvait ou blâmait. On dit que Thamous fit à Toth beaucoup d'observations pour et contre chaque art. Il serait trop long de les exposer. Mais, quand on en vint à l'écriture
"- Roi, lui dit Toth, cette science rendra les Égyptiens plus savants et facilitera l'art de se souvenir, car j'ai trouvé un remède pour soulager la science et la mémoire."
Et le roi répondit:
"- Très ingénieux Toth, tel homme est capable de créer les arts, et tel autre est à même de juger quel lot d'utilité ou de nocivité ils conféreront à ceux qui en feront usage. Et c'est ainsi que toi, père de l'écriture, tu lui attribues, par bienveillance, tout le contraire de ce qu'elle peut apporter. Elle ne peut produire dans les âmes, en effet, que l'oubli de ce qu'elles savent en leur faisant négliger la mémoire. Parce qu'ils auront foi dans l'écriture, c'est par le dehors, par des empreintes étrangères, et non plus du dedans et du fond d'eux-mêmes, que les hommes chercheront à se ressouvenir. Tu as trouvé le moyen, non point d'enrichir la mémoire, mais de conserver les souvenirs qu'elle a. Tu donnes à tes disciples la présomption qu'ils ont la science, non la science elle-même. Quand ils auront, en effet, beaucoup appris sans maître, ils s'imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart que des ignorants de commerce incommode, des savants imaginaires au lieu de vrais savants."
PHÈDRE
Il t'en coûte peu, Socrate, de proférer des discours égyptiens ; tu en ferais, si tu voulais, de n'importe quel pays que ce soit.
SOCRATE
Les prêtres, cher ami, du sanctuaire de Zeus à Dodone ont affirmé que c'est d'un chêne que sortirent les premières paroles prophétiques. Les hommes de ce temps-là, qui n'étaient pas, jeunes gens, aussi savants que vous, se contentaient dans leur simplicité d'écouter un chêne ou une pierre, pourvu que ce chêne ou cette pierre dissent la vérité. Mais à toi, il importe sans doute de savoir qui est celui qui parle et quel est son pays, car tu n'as pas cet unique souci : examiner si ce qu'on dit est vrai ou faux.
PHÈDRE
Tu as raison de me blâmer, car il me semble aussi qu'il faut penser de l'écriture ce qu'en dit le Thébain.
SOCRATE
Ainsi donc, celui qui croit transmettre un art en le consignant dans un livre, comme celui qui pense, en recueillant cet écrit, acquérir un enseignement clair et solide, est vraiment plein de grande simplicité. Sans contredit, il ignore la prophétie d'Ammon, s'il se figure que des discours écrits puissent être quelque chose de plus qu'un moyen de réveiller le souvenir chez celui qui déjà connaît ce qu'ils contiennent.
PHÈDRE
Ce que tu dis est très juste.
SOCRATE
C'est que l'écriture, Phèdre, a, tout comme la peinture, un grave inconvénient. Les oeuvres picturales paraissent comme vivantes ; mais, si tu les interroges, elles gardent un vénérable silence. Il en est de même des discours écrits. Tu croirais certes qu'ils parlent comme des personnes sensées ; mais, si tu veux leur demander de t'expliquer ce qu'ils disent, ils te répondent toujours la même chose. Une fois écrit, tout discours roule de tous côtés ; il tombe aussi bien chez ceux qui le comprennent que chez ceux pour lesquels il est sans intérêt ; il ne sait point à qui il faut parler, ni avec qui il est bon de se taire. S'il se voit méprisé ou injustement injurié, il a toujours besoin du secours de son père, car il n'est pas par lui-même capable de se défendre ni de se secourir.
PHÈDRE
Tu dis encore ici les choses les plus justes.
SOCRATE
Courage donc, et occupons-nous d'une autre espèce de discours, frère germain de celui dont nous avons parlé ; voyons comment il naît, et de combien il surpasse en excellence et en efficacité le discours écrit.
PHÈDRE
Quel est donc ce discours et comment racontes-tu qu'il naît ?
SOCRATE
C'est le discours qui s'écrit avec la science dans l'âme de celui qui étudie ; capable de se défendre lui-même, il sait parler et se taire devant qui il convient.
PHÈDRE
Tu veux parler du discours de l'homme qui sait, de ce discours vivant et animé, dont le discours écrit, à justement parler, n'est que l'image ?
SOCRATE
C'est cela même. Mais dis-moi : si un cultivateur intelligent avait des graines auxquelles il tînt et dont il voulût avoir des fruits, irait-il avec soin les semer dans les jardins estivaux d'Adonis, pour avoir le plaisir de les voir en huit jours devenir de belles plantes ? Ou bien, s'il le faisait, ne serait-ce pas en guise d'amusement, ou à l'occasion d'une fête ? Mais pour les graines dont il voudrait s'occuper avec sollicitude, ne suivrait-il pas l'art de l'agriculture, les semant en un terrain convenable, et se réjouissant si tout ce qu'il a semé parvenait en huit mois à sa maturité ?
PHÈDRE
C'est bien ainsi qu'il ferait, Socrate, s'occupant, comme tu dis, des unes avec sollicitude, des autres en guise d'amusement.
SOCRATE
Et celui qui possède la science du juste, du beau, du bien, dirons-nous qu'il a moins d'intelligence que le cultivateur dans l'emploi de ses graines ?
PHÈDRE
Pas du tout, certes.
SOCRATE
Il n'écrira donc pas avec empressement ce qu'il sait sur de l'eau ; il ne le sèmera pas, avec encre et roseau, dans des discours incapables de se défendre en parlant, et incapables aussi de manière suffisante d'enseigner la vérité.
PHÈDRE
Ce n'est pas vraisemblable.
SOCRATE
Non, certes. Mais ce sera, semble-t-il, en guise d'amusement qu'il sèmera et écrira, si toutefois il écrit, dans les jardins de l'écriture. Amassant ainsi un trésor de souvenirs pour lui-même, quand il aura atteint l'oubli qu'apporte la vieillesse, et pour tous ceux qui marcheront sur ses traces, il se réjouira de voir pousser ces plantes délicates. Et, tandis que d'autres poursuivront d'autres amusements, se gaveront dans les banquets et dans d'autres passe-temps du même genre, lui, répudiant ces plaisirs, passera probablement sa vie dans les amusements dont je viens de parler.
PHÈDRE
C'est, en effet, Socrate, un très noble amusement, en regard des vils amusements des autres, que celui d'un homme capable de se jouer en écrivant des discours, et en imaginant des mythes sur la justice et sur les autres choses dont tu viens de parler.
SOCRATE
Ceci est vrai, mon cher Phèdre. Mais il est encore, je pense, une bien plus belle manière de s'occuper de l'art de la parole : c'est, quand on a rencontré une âme bien disposée, d'y planter et d'y semer avec la science, en se servant de l'art dialectique, des discours aptes à se défendre eux-mêmes et à défendre aussi celui qui les sema ; discours qui, au lieu d'être sans fruits, porteront des semences capables de faire pousser d'autres discours en d'autres âmes, d'assurer pour toujours l'immortalité de ces semences, et de rendre heureux, autant que l'homme peut l'être, celui qui les détient.
mardi 24 juillet 2007
Kâma et Nicolas Sarkozy
En astrologie de l'Inde, les maisons III, VII et XI sont dites maisons kâma. La maison III représente nos désirs quotidiens, la XI nos plus hautes aspirations et la VII notre relation à l'autre.
Si l'on se penche sur le thème de notre nouveau président, né le 28 janvier 1955 à 22:00 à Paris, ce qui frappe c'est cette conjonction étroite entre Mars maître de III et la Lune maîtresse de XI en maison VII. Une conjonction entre deux maîtres de maisons kâma en maison kâma. De cette connexion de maisons, il ressort que les aspirations du natif sont extraordinairement élevées, et que ses désirs se réalisent. Cette réalisation des désirs les plus forts trouve confirmation dans la position de Jupiter exalté en maison XI, et de Saturne exalté en maison III (les maîtres de grande période et sous-période de sa naissance en passant).
Pourquoi la politique ?
- le Soleil (significateur général de la politique) est en maison V (la politique) aspecté par Jupiter.
- En prenant la Lune comme Ascendant (Chandra Lagna), Jupiter est en 5ème secteur aspecté par le Soleil significateur général.
- De plus le noeud lunaire Sud (Ketu) en maison X upachaya en Gémeaux (un signe où il se sent bien) montre les honneurs. Et le noeud Nord (Rahu) en 10ème de la Lune montre une ambition insatiable. La personnalité est d'ailleurs très marquée par Mars si proche de la Lune.
Saturne en maison III se comporte plutôt bien puisque c'est une maison dite upachaya, c'est-à-dire que les planètes qui l'occupent s'améliorent avec le temps. Saturne exaltée en III met l'accent sur ce que l'on obtient à la force du poignet, la motivation, le désir d'y arriver coûte que coûte au prix d'efforts quotidiens intenses. Et les fruits arrivent avec le temps (upachaya). Avec le maître de I en VI on retrouve le côté bosseur mais aussi de solides inimitiés.
Ce n'est certainement pas un hasard si la dernière biographie sur Sarkozy a pour titre "Un pouvoir nommé désir" (Catherine Nay) et, si commentant l'élection surprise de Chirac en 95, on l'entend dire : "La France s'offre à celui qui la désire le plus: certainement qu'Edouard Balladur la désirait moins que Jacques Chirac."
lundi 23 juillet 2007
Demeures lunaires et syllabes (sanskrit)
Les Indiens appellent le nakshatra qu'occupait la Lune au moment de la naissance "birth star" (étoile de naissance). D'ailleurs l'anglais "star" est un nom qui vient de la racine indo-européenne ster- que l'on retrouve dans les mots "astéroïde" ou simplement "astre". Comme un nakshatra ne représente pas à proprement parler une étoile, mais plutôt d'un groupement d'étoiles, on peut préférer le mot "astérisme" à "étoile".
Il y a quatre sons associés à chaque nakshatra, un pour chaque pada (quartier) de nakshatra. Dans un système à 27 demeures lunaires, comme l'ont choisi les astrologues de l'Inde, il y a donc 108 padas. 108 est un nombre d'une importance capitale que l'on retrouve partout dans les enseignements de l'Inde.
Pourquoi choisir un prénom en fonction de l'étoile de naissance ?
Pourquoi la Lune et pas une autre planète ?
la Lune régit les émotions. La position de la Lune à la naissance a un impact évident sur notre nature émotionnelle. Mais la Lune dont la lueur n'est que lumière réfléchie, symbolise aussi la réceptivité, et donc l'écoute. On nous appelle si souvent par notre prénom tout au long de notre vie que l'entendre ne doit surtout pas heurter notre nature émotionnelle profonde. Les sons ont toujours été associés à la Lune. Il y a 28 lettres dans l'alphabet arabe. 27 dans l'alphabet hébreu ... Il n'y a que 22 notes ou shrutis dans la gamme hindoue, 22 lettres dans l'alphabet "souche" phénicien, mais nous verrons aussi qu'il y a une symbolique lunaire.*
Un peu de linguistique
Le sanskrit est la langue des textes religieux hindous, et possède à ce titre le caractère de langue véhiculaire, à l'exemple du latin dans les siècles passés en Occident. Latin et sanskrit ont d'ailleurs comme toutes les langues indo-européennes une origine commune, une langue préhistorique connue sous le nom de "indo-européen commun", et reconstituée à ce jour par recoupements grammaticaux et phonétiques. Par exemple *mater "la mère" en indo-européen a donné mata' en sanskrit, métêr en grec, mater en latin, mother en anglais, etc.
Le sanskrit classique possède 48 phonèmes (contre 38 pour le français).
On notera avec intérêt que le sanskrit étant longtemps demeuré oral, à l'image des enseignements sacrés de l'hindouisme, chaque région de l'Inde utilise donc l'écriture qui lui sert à noter sa propre langue pour écrire le sanskrit (bengali, tamil, malayalam, etc).
Mais ce qui nous intéresse ici n'est pas la correspondance avec les lettres, qui sont des représentations graphiques des sons, mais bien celle que l'on peut faire avec les sons eux-mêmes. La correspondance entre demeures lunaires et alphabets (en particulier arabe à 28 lettres et hébreu à 27) fera l'objet d'un autre post.
Correspondances entre syllabes et nakshatras
- Krittika
I
U
E (comme dans "ère")
- Rohini
Va (comme dans "vanille")
Vi (comme dans "vivre")
Vo (comme dans "vote")
- Mrigashira
Vo
Ka (comme dans "kangourou")
Ke (comme dans "Kenya")
- Ardra
Gha (comme dans "Ghana")
Ng (prononcé "ng")
Chha (pas d'équivalent en français)
- Punarvasu
Ko
Ha (le "h" est aspiré, pas d'équivalent français)
Hi
- Pushya
He
Ho
Da (comme dans "datte")
- Ashlesha
Du (comme dans "dur")
De
Do (comme dans "docile")
- Magha
Mi (comme dans "miracle")
Mu (comme dans "moudre")
Me (comme dans "mégalithe")
- Purvaphalguni
Ta (comme dans "table")
Ti (comme dans "titiller")
Tu (comme dans "tube")
- Uttaraphalguni
To (comme dans "tomate")
Pa (comme dans "partie")
Pi (comme dans "pirate")
- Hasta
Sha (comme dans "chat")
Na (comme dans "navire")
Tha (pas d'équivalent français)
- Chitra
Po (comme dans "pôle")
Ra (comme dans "rame")
Ri (comme dans "Rio de Janeiro")
- Svati
Re (comme dans "réguler")
Ra (comme dans "Râma")
Ta (comme dans "Tahiti")
- Vishakha
Tu (pas d'équivalent français - tiou)
Te (pas d'équivalent français)
To (comme dans "total")
- Anuradha
Ni (comme dans "Nicaragua")
Nu (comme dans "numéro")
Ne (comme dans "Népal")
- Jyeshta
Ya (comme dans "Yama")
Yi (comme dans "Yin")
Yu (comme dans "Yukon")
- Mula
Yo (comme dans "yo-yo")
Ba (comme dans "ball-trap")
Bi (comme dans "bikini")
- Purvashadha
Dha (pas d'équivalent français)
Bha
Dha
- Uttarashadha
Bo (comme dans "bohémien")
Ja (prononcer "dja")
Ji (prononcer "dji")
- Shravana
Je (prononcer "djay")
Jo (prononcer "djo")
Gha (comme dans "Ghana")
- Dhanishta
Gi (i long pas d'équivalent français, comme dans "geek")
Gu (comme dans "gourou")
Ge (pas d'équivalent français)
- Shatabhisha
Sa (comme dans "Sahara")
Si (comme dans "Sita")
Su (comme dans "Surya")
- Purvabhadhra
So (comme dans "sonar")
Da (comme dans "Dante")
Di (comme dans "dipa")
- Uttarabhadhra
Tha (pas d'équivalent français)
JNa (pas d'équivalent français)
Da (comme dans "Tahiti")
- Revati
Do (comme dans "dot")
Cha (prononcer "tcha")
Chi (prononcer "tchi")
- Ashvini
Che (comme dans "Che Guevarra")
Cho (pas d'équivalent en français)
La (comme dans "lave")
- Bharani
Lu (comme dans "loup")
Le (comme dans "lèvre)
Lo (comme dans "local")
jeudi 28 juin 2007
théorie humorale et astrologie occidentale
Chaque astrologie est influencée par les systèmes de pensée, les philosophies et par les principes culturels de la civilisation qui en développe les fondements (avec plus ou moins de bonheur). C'est pour cela qu'il n'y a pas qu'une astrologie mais nécessairement plusieurs. Ainsi l'astrologie occidentale traditionnelle est grandement influencée par la pensée grecque et par les doctrines pythagoriciennes et platoniciennes en particulier. Mais pas seulement. Pour comprendre toutes les notions d'éléments, d'humeurs, qui sont les véritables fondements de nombreuses techniques en astrologie occidentale (détermination du tempérament, fécondité, etc) il est indispensable de comprendre les théories médicales du père de la médecine moderne, Hippocrate, et notamment la théorie humorale.
La médecine grecque avant Hippocrate
Empédocle né en 504 av JC à Crotone attribuait la différence des sexes à la prédominance du chaud ou du froid dans les parents; la ressemblance des enfants avec l'un ou avec l'autre à la plus grande quantité de fluide séminal que fournirait le père ou la mère. Selon lui, la diminution de chaleur provoque le sommeil, son extinction cause la mort. Il cite déjà les qualités élémentaires: le doux, l'amer, l'acide, le chaud.
Diogène, un peu antérieur à Hippocrate parle dans le traité de la nature des veines, mentionnant que deux des plus grosses appartiennent au coeur, et passe par le cou jusque dans la tête. Il connaissait en outre les ventricules du coeur, et il plaçait dans le ventricule gauche le principe directeur de l'âme. Selon lui, c'est l'air qui est la cause de l'intelligence chez l'homme, en se répandant dans le sang par les veines de tout le corps. Il est nécessaire à l'existence de tous les animaux, et les poissons même le respirent avec l'eau.
Pour Anaxagore de Clazomène, le foetus mâle est toujours du côté droit de la matrice, et le foetus femelle du côté gauche. La bile est la cause des maladies aigües.
Les théories médicales d'Hippocrate
les causes des maladies
Pour Hippocrate, les maladies sont dues à :
- l'influence des saisons, des températures, du climat et de la position géographique,
- l'alimentation particulière à chaque homme, et les exercices auxquels il se livre.
A mesure que l'année passe par des phases successives de chaleur et de froidure, d'humidité et de sécheresse, le corps humain éprouve des changements, et les maladies en empruntent les caractères. Quand l'année ou la saison présente un caractère spécial, et est dominée par telle ou telle température, il s'ensuit parmi les hommes qui sont soumis une série d'affections toutes marquées du même cachet. Un climat n'est pour ainsi dire qu'une saison permanente. La conformation du corps, la disposition des esprits, le courage, l'amour de la liberté, tout dépend de la loi des climats. Les âges étaient naturellement considérés comme des saisons, exposés chacun à des maladies spéciales ... Selon Hippocrate, le corps humain est pénétré d'une chaleur qu'il appelle innée, dont la quantité est à son maximum pendant l'enfance, et qui va sans cesse s'épuisant par le progrès de la vie jusque dans la vieillesse, où elle arrive à son minimum. Ces changements successifs de la chaleur innée, qui éprouve les mêmes phases que le soleil pendant l'année, devaient faire considérer les âges comme des saisons, et faire attribuer à chacun d'eux un ordre des maladies analogue à celui qu'on attribue à chacune d'elles. La surabondance et le défaut de l'alimentation entraîne également des maladies, de même que l'excès de santé provenant d'un excès d'alimentation et de force.
Les agents du monde extérieur sont le climat, la saison, le genre de vie, et l'alimentation.
La chaleur innée et les âges montrent qu'Hippocrate n'était pas étranger aux doctrines qui comparent l'homme au monde, le microcosme au macrocosme. Sa pathologie est toute dans l'action des humeurs nuisibles. Déjà avant lui Anaxagore avait attribué les maladies à la bile. Hippocrate les attribua aux qualités des humeurs et aux inégalités de leur mélange. La pathologie des humeurs a dû précéder celle des solides car longtemps avant de voir que les poumons étaient hépatisés dans la pneumonie, on s'était aperçu des modifications qu'éprouvaientdans les maladies l'urine, la sueur, l'expectoration. Suivant Hippocrate, la santé est due au mélange régulier des humeurs, qu'il appelle la crase; et la maladie procède du dérangement de la crase de ces humeurs. La doctrine de la coction est un des pivots de la médecine hippocratique. La coction est le changement que les humeurs subissent au cours d'une maladie.
la théorie humorale
Cette théorie attribuée à Hippocrate, mais développée plus largement par Galien deux siècles plus tard, est en rapport étroit avec les doctrines qui comparent l'homme au monde, et que l'on retrouve chez Platon (voir le Timée). Le corps serait une réplique, en plus petit, de l’univers, un microcosme au sein du macrocosme. Ainsi, aux quatre éléments qui composent l’univers (Terre, Eau, Air, Feu) et à leurs qualités respectives correspondraient quatre substances liquides contenues dans le corps humain ou humeurs fondamentales : le sang, la pituite ou flegme, la bile et l’atrabile. Selon que l’une l’emporte sur les autres, l’individu aurait un tempérament sanguin, flegmatique, bilieux ou mélancolique. Aussi le traitement prescrit et la diète imposée par le médecin devront-ils varier en fonction du tempérament de chacun.
Une théorie parvenue jusqu'à nous
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des praticiens prônent cette théorie qui, peu à peu, se diffuse dans la société et passe dans la culture populaire où, jusqu’au début du XXe siècle, sa cohérence et sa force explicative prédominent. Selon cette conception, la maladie résulte d’un déséquilibre des humeurs. Dès lors, et en toute logique, l’hygiène consiste à maintenir un sain équilibre entre elles. Ainsi, se purger pour chasser la « mauvaise humeur », recevoir une saignée au printemps lorsque la sève monte dans les plantes et chez les êtres humains, en particulier chez ceux qui ont un tempérament sanguin, nettoyer son foie en vidangeant un excès de bile, toutes ces pratiques en quelque sorte préventives sont liées à la théorie humorale ou en dérivent, y compris, en médecine parallèle ou alternative, jusqu’au cœur du XXe siècle. Par ailleurs, à défaut de ces pratiques chargées de sens, nous avons gardé dans notre langue la mémoire de cette théorie : ne dit-on pas, comme jadis, « se faire de la bile » ou « du mauvais sang », « être de bonne » ou de « mauvaise humeur » ? (source: http://www.cndp.fr/revueTDC/680-40610.htm)
La théorie humorale en astrologie occidentale
Puisque la théorie humorale se base sur les mêmes principes que les cosmologies traditionnelles qui comparent le microcosme (l'homme) au macrocosme (l'univers), on voit aisément comment cette théorie a pu s'insérer avec succès dans les techniques de l'astrologie grecque.
On voit aussi pourquoi le système de pensée autour duquel l'astrologie grecque (et donc occidentale) s'articule induit nécessairement un rapport étroit aux saisons et aux conditions climatiques. Dans cette optique, l'adoption du point vernal comme début du zodiaque est donc entièrement justifiée par rapport à la doctrine qui sous-tend l'intégralité du système.
L'astrologie occidentale vise à déterminer quelle humeur était en excès ou en défaut sur terre à un moment donné. En appliquant la loi d'analogie simple "en bas comme en haut", l'astrologue détermine les humeurs qui prédominent dans le corps au moment de la naissance (la chaleur innée d'Hippocrate) et en déduit le tempérament mélancolique, lymphatique, sanguin ou colérique, ainsi que les troubles de la santé qui découlent de ce déséquilibre.