jeudi 28 juin 2007

théorie humorale et astrologie occidentale

Chaque astrologie est influencée par les systèmes de pensée, les philosophies et par les principes culturels de la civilisation qui en développe les fondements (avec plus ou moins de bonheur). C'est pour cela qu'il n'y a pas qu'une astrologie mais nécessairement plusieurs. Ainsi l'astrologie occidentale traditionnelle est grandement influencée par la pensée grecque et par les doctrines pythagoriciennes et platoniciennes en particulier. Mais pas seulement. Pour comprendre toutes les notions d'éléments, d'humeurs, qui sont les véritables fondements de nombreuses techniques en astrologie occidentale (détermination du tempérament, fécondité, etc) il est indispensable de comprendre les théories médicales du père de la médecine moderne, Hippocrate, et notamment la théorie humorale.

La médecine grecque avant Hippocrate

Empédocle né en 504 av JC à Crotone attribuait la différence des sexes à la prédominance du chaud ou du froid dans les parents; la ressemblance des enfants avec l'un ou avec l'autre à la plus grande quantité de fluide séminal que fournirait le père ou la mère. Selon lui, la diminution de chaleur provoque le sommeil, son extinction cause la mort. Il cite déjà les qualités élémentaires: le doux, l'amer, l'acide, le chaud.

Diogène, un peu antérieur à Hippocrate parle dans le traité de la nature des veines, mentionnant que deux des plus grosses appartiennent au coeur, et passe par le cou jusque dans la tête. Il connaissait en outre les ventricules du coeur, et il plaçait dans le ventricule gauche le principe directeur de l'âme. Selon lui, c'est l'air qui est la cause de l'intelligence chez l'homme, en se répandant dans le sang par les veines de tout le corps. Il est nécessaire à l'existence de tous les animaux, et les poissons même le respirent avec l'eau.

Pour Anaxagore de Clazomène, le foetus mâle est toujours du côté droit de la matrice, et le foetus femelle du côté gauche. La bile est la cause des maladies aigües.

Les théories médicales d'Hippocrate

les causes des maladies

Pour Hippocrate, les maladies sont dues à :

  • l'influence des saisons, des températures, du climat et de la position géographique,
  • l'alimentation particulière à chaque homme, et les exercices auxquels il se livre.

A mesure que l'année passe par des phases successives de chaleur et de froidure, d'humidité et de sécheresse, le corps humain éprouve des changements, et les maladies en empruntent les caractères. Quand l'année ou la saison présente un caractère spécial, et est dominée par telle ou telle température, il s'ensuit parmi les hommes qui sont soumis une série d'affections toutes marquées du même cachet. Un climat n'est pour ainsi dire qu'une saison permanente. La conformation du corps, la disposition des esprits, le courage, l'amour de la liberté, tout dépend de la loi des climats. Les âges étaient naturellement considérés comme des saisons, exposés chacun à des maladies spéciales ... Selon Hippocrate, le corps humain est pénétré d'une chaleur qu'il appelle innée, dont la quantité est à son maximum pendant l'enfance, et qui va sans cesse s'épuisant par le progrès de la vie jusque dans la vieillesse, où elle arrive à son minimum. Ces changements successifs de la chaleur innée, qui éprouve les mêmes phases que le soleil pendant l'année, devaient faire considérer les âges comme des saisons, et faire attribuer à chacun d'eux un ordre des maladies analogue à celui qu'on attribue à chacune d'elles. La surabondance et le défaut de l'alimentation entraîne également des maladies, de même que l'excès de santé provenant d'un excès d'alimentation et de force.

Les agents du monde extérieur sont le climat, la saison, le genre de vie, et l'alimentation.

La chaleur innée et les âges montrent qu'Hippocrate n'était pas étranger aux doctrines qui comparent l'homme au monde, le microcosme au macrocosme. Sa pathologie est toute dans l'action des humeurs nuisibles. Déjà avant lui Anaxagore avait attribué les maladies à la bile. Hippocrate les attribua aux qualités des humeurs et aux inégalités de leur mélange. La pathologie des humeurs a dû précéder celle des solides car longtemps avant de voir que les poumons étaient hépatisés dans la pneumonie, on s'était aperçu des modifications qu'éprouvaientdans les maladies l'urine, la sueur, l'expectoration. Suivant Hippocrate, la santé est due au mélange régulier des humeurs, qu'il appelle la crase; et la maladie procède du dérangement de la crase de ces humeurs. La doctrine de la coction est un des pivots de la médecine hippocratique. La coction est le changement que les humeurs subissent au cours d'une maladie.

la théorie humorale

Cette théorie attribuée à Hippocrate, mais développée plus largement par Galien deux siècles plus tard, est en rapport étroit avec les doctrines qui comparent l'homme au monde, et que l'on retrouve chez Platon (voir le Timée). Le corps serait une réplique, en plus petit, de l’univers, un microcosme au sein du macrocosme. Ainsi, aux quatre éléments qui composent l’univers (Terre, Eau, Air, Feu) et à leurs qualités respectives correspondraient quatre substances liquides contenues dans le corps humain ou humeurs fondamentales : le sang, la pituite ou flegme, la bile et l’atrabile. Selon que l’une l’emporte sur les autres, l’individu aurait un tempérament sanguin, flegmatique, bilieux ou mélancolique. Aussi le traitement prescrit et la diète imposée par le médecin devront-ils varier en fonction du tempérament de chacun.

Une théorie parvenue jusqu'à nous

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des praticiens prônent cette théorie qui, peu à peu, se diffuse dans la société et passe dans la culture populaire où, jusqu’au début du XXe siècle, sa cohérence et sa force explicative prédominent. Selon cette conception, la maladie résulte d’un déséquilibre des humeurs. Dès lors, et en toute logique, l’hygiène consiste à maintenir un sain équilibre entre elles. Ainsi, se purger pour chasser la « mauvaise humeur », recevoir une saignée au printemps lorsque la sève monte dans les plantes et chez les êtres humains, en particulier chez ceux qui ont un tempérament sanguin, nettoyer son foie en vidangeant un excès de bile, toutes ces pratiques en quelque sorte préventives sont liées à la théorie humorale ou en dérivent, y compris, en médecine parallèle ou alternative, jusqu’au cœur du XXe siècle. Par ailleurs, à défaut de ces pratiques chargées de sens, nous avons gardé dans notre langue la mémoire de cette théorie : ne dit-on pas, comme jadis, « se faire de la bile » ou « du mauvais sang », « être de bonne » ou de « mauvaise humeur » ? (source: http://www.cndp.fr/revueTDC/680-40610.htm)

La théorie humorale en astrologie occidentale

Puisque la théorie humorale se base sur les mêmes principes que les cosmologies traditionnelles qui comparent le microcosme (l'homme) au macrocosme (l'univers), on voit aisément comment cette théorie a pu s'insérer avec succès dans les techniques de l'astrologie grecque.

On voit aussi pourquoi le système de pensée autour duquel l'astrologie grecque (et donc occidentale) s'articule induit nécessairement un rapport étroit aux saisons et aux conditions climatiques. Dans cette optique, l'adoption du point vernal comme début du zodiaque est donc entièrement justifiée par rapport à la doctrine qui sous-tend l'intégralité du système.

L'astrologie occidentale vise à déterminer quelle humeur était en excès ou en défaut sur terre à un moment donné. En appliquant la loi d'analogie simple "en bas comme en haut", l'astrologue détermine les humeurs qui prédominent dans le corps au moment de la naissance (la chaleur innée d'Hippocrate) et en déduit le tempérament mélancolique, lymphatique, sanguin ou colérique, ainsi que les troubles de la santé qui découlent de ce déséquilibre.

samedi 23 juin 2007

Les décans

Les décans sont un outil très important de l'astrologie traditionnelle. Ce terme doit vous être familier tant il est utilisé (vidé de son sens) dans les horoscopes des magazines à grand tirage. Il s'agit donc de la division en 3 de chaque signe du zodiaque, de sorte que les 360° degrés de l'écliptique sont divisés en 36 parties de 10°.


Les origines

Les décans ont certainement leur origine en Egypte, où le calendrier se composait de 12 mois de 30 jours, chacun divisés en 3 décades. Chaque décan était attribué à un génie. La doctrine pythagoricienne qui voit en toutes choses l'harmonie des nombres peut avoir été pour beaucoup dans l'utilisation de cette division décimale du zodiaque. Firmicus rapporte la table de correspondances suivante donnée par les astrologues égyptiens Nechepso et Pétosiris:


décanastérismedéité
Zont-Har-Hadès
Henty-Heri-Perséphone
Souy-Qedfils du potEros
HouHyadesCharis
Arytla mâchoire du taureauLes Heures
Remen-Haryle bras levé d'OrionLitaï
Tes-Rekla ceinture d'OrionThétys
Phouy-Herila jambe d'OrionCybèle
Tes-Rekfin du cielPraxidiké
SopdetSiriusNiké
Tepy-Kenmoutdébut du Grand SingeHéraklès
Ken-moutGrand SingeHékate
Her-Heped-Kenmoutsous le singeHéphaïstos
Het-Detdébut de la GrueIsis
Phouy-Detfin de la GrueSérapis
Temetaile de la GrueThémis
Ouset-BeketOiseau enceinteLes Moires
Ipsedj-Hestia
Sob-shosen-Erinys
Tepy-Henetdébut du verseauKairos

Il y avait à l'origine une manière spécifique d'interpréter les décans que l'on retrouve dans certains textes anciens, dont le Salmeschoiniaka.

"On doit également examiner les décans puisque le premier depuis
l'horoskopos concerne la naissance, le 28ème depuis l'horoskopos qui culmine tôt
concerne les moyens de subsistance; le 25ème qui culmine à midi concerne la
maladie; le 9ème qui se lève tard à l'Est concerne les blessures; ..."



Les décans dans l'astrologie occidentale

L'astrologie grecque a attribué ensuite à chaque décan une planète pour y présider. Le premier décan du premier signe (celui de l'équinoxe de printemps, le Bélier) est attribué à Mars son maître. Ensuite les planètes sont attribuées à chaque décan suivant l'ordre géocentrique (ou chaldéen) des planètes. Le deuxième du Bélier est attribué au Soleil, le 3ème à Vénus, puis le 1er décan du Taureau est à Mercure, le 2ème à la Lune, etc.

Bélier - 1 (Mars)
Bélier - 2 (Soleil)
Bélier - 3 (Vénus)
Taureau - 1 (Mercure)
Taureau - 2 (Lune)
Taureau - 3 (Saturne)
Gémeaux - 1 (Jupiter)
Gémeaux - 2 (Mars)
Gémeaux - 3 (Soleil)

On voit ici que les décans ont été figés à partir du point vernal, puisque la tradition grecque tardive fait correspondre le point 0° Bélier à l'équinoxe de printemps (après quelques hésitations, en particulier avec le 8° Bélier). En astrologie occidentale, les décans sont la plus mineure des dignités, ils servent uniquement à établir si une planète se sent bien dans un lieu du zodiaque.



Les décans dans l'astrologie de l'Inde


En Inde, le premier décan d'un signe est régi par son maître, le deuxième par le maître du 5ème signe à compter de lui-même, et le troisième par le maître du 9ème signe. Le zodiaque étant sidéral, la correspondance des décans avec des groupes d'étoiles peut être conservée, même si en pratique les décans ne servent qu'à constituer la carte de subdivision dite D3, utilisée par les astrologues de l'Inde pour décrire les frères et soeurs du natif.

Bélier - 1 (Mars)
Bélier - 2 (Soleil)
Bélier - 3 (Jupiter)
Taureau - 1 (Vénus)
Taureau - 2 (Mercure)
Taureau - 3 (Saturne)

On retrouve la séquence des trikonas (trigones) primordiale dans l'ensemble de l'astrologie de l'Inde (les aspects spéciaux de Jupiter, les maisons kama, moksha, darma, artha les trikonas, etc).


La carte de subdivisions dite des décans (D3)

Pour construire le D3, on procède comme suit. Imaginons qu'une planète se trouve par exemple en 2ème décan du Bélier, elle se retrouve dans le 5ème signe à compter du Bélier, à savoir le Lion. Une planète en 1er décan du Scorpion se retrouve elle-même en Scorpion etc. Toute planète conjointe à l'Ascendant en D3 montre la qualité de la relation du natif avec ses frères et soeurs. La 3ème du D3 renseigne sur le frère qui suit, la 11ème du D3 sur le frère qui précède.


mercredi 20 juin 2007

Les conséquences astrologiques de la précession des équinoxes

En astrologie occidentale, les signes du zodiaque ne correspondent plus aux constellations zodiacales. Si vous êtes un natif du Cancer par exemple, il est probable qu'à votre naissance le Soleil ne se trouvait pas dans la constellation du Cancer mais dans celle des Gémeaux qui la précède sur l'écliptique. Ce décalage bien connu des astronomes, appelé précession des équinoxes, est occasionné par le mouvement de rotation de l'axe des pôles. "La Terre se comporte comme une toupie en fin de course. Son axe de rotation décrit un cône autour de la direction perpendiculaire au plan de son orbite (écliptique). L'origine de cette perturbation est due à l'attraction conjuguée de la Lune et du Soleil sur le bourrelet équatorial de la Terre. Ainsi chaque prolongement de l'axe des pôles dessine un cercle en 25 800 ans par rapport aux étoiles. En raison du mouvement de précession, la ligne d'intersection du plan équatorial terrestre et du plan de son orbite ne peut rester fixe. Elle rétrograde de 50.26" par an (environ un diamètre lunaire sur une période de 35 ans) entraînant avec elle le point vernal et son opposé qui marquent les équinoxes. Servant de point d'origine pour les coordonnées célestes, celles-ci demandent des corrections régulières."

Le zodiaque occidental (dit tropique) place le point de longitude écliptique dit 0° Bélier au point vernal (l'un des deux points d'intersection entre le plan équatorial terrestre et le plan de son orbite - l'écliptique). Or, du fait de ce mouvement de précession, le point vernal qui marque l'équinoxe de Printemps dans l'hémisphère Nord semble reculer au fil des siècles par rapport aux constellations de la bande zodiacale. Ce phénomène est bien sûr connu des astrologues, puisque le passage du point vernal dans une nouvelle constellation (tous les 2000 ans à peu près) marque pour eux le début d'une nouvelle ère chargée de symbolisme. Dans les Poissons depuis bientôt deux millénaires, le point vernal s'apprête à rentrer dans la constellation du Verseau, ce qui marquera le début de l'ère du Verseau.

L'invalidation de la doctrine astrologique par ce phénomène de précession a été l'occasion de nombreuses publications prétendument scientifiques. L'argumentaire est simple: si les signes du zodiaque ne correspondent plus à ce que l'on voit dans le ciel, c'est évidemment que l'ensemble des caractères attribués à ces signes sont injustifiés. Il faut reconnaître plusieurs choses :

  • l'identité de nom entre les signes du zodiaque tropique et les constellations zodiacales est malheureuse. Elle laisse penser (à tort) que les astrologues occidentaux n'ont jamais eu conscience du phénomène de précession. S'il est indéniable qu'un grand nombre d'entre eux n'en avaient effectivement pas conscience, il faut rappeler que ce phenomène, découvert en occident au IIème siècle av JC par l'astronome grec Hipparque, était connu des plus grands astrologues antiques et arabes, ceux qui ont laissé derrière eux les techniques encore utilisées de nos jours.

  • l'existence d'un zodiaque dit sidéral (basé sur les constellations zodiacales) à douze signes utilisé de longue date par les astrologues de l'Inde semble jeter le discrédit sur le zodiaque occidental. Or, même s'il existe de nombreuses similitudes entre les deux systèmes - probablement dues à des confusions à double-sens - les deux systèmes reposent sur des concepts fondamentalement distincts. Mais, le zodiaque n'étant qu'un repère arbitraire, il convient de rappeler qu'il ne peut y avoir à proprement parler ni de "vrai" zodiaque ni de "faux" zodiaque.

La première étape pour qui veut retrouver les principes fondamentaux consiste à débarrasser chacun des deux systèmes (et donc des deux zodiaques) de concepts qui semblent davantage justifiés dans l'autre. C'est un travail de recherche auquel les messages postés sur ce site pourront je l'espère contribuer.